Né à Lille en 1959, Éric Lacascade fait des études de droit et se forme parallèlement aux métiers du théâtre au Prato, salle alternative lilloise. Il y rencontre Guy Alloucherie : ils fondent ensemble le Ballatum Théâtre qui s’impose rapidement comme l’une des compagnies françaises les plus inventives du paysage. De nationale, la renommée du binôme devient internationale au fil des productions et à mesure que les tournées se densifient.
En 1997, Éric Lacascade est nommé à la Direction du Centre Dramatique National de Normandie. Il y reste jusqu’en 2007, et y développe une méthode de travail singulière : la recherche personnelle du metteur en scène et la question de la place de l’acteur étant pour lui consubstantielles, Éric Lacascade s’est attaché à élaborer un répertoire tout à en fidélisant un groupe d’acteurs qui est devenu à la fois le socle et la force de son travail artistique. Éric Lacascade défend un Théâtre d’Art exigeant et populaire ; sa programmation éclectique, sa scène ouverte tant aux chorégraphes qu’aux performer et aux metteurs en scène européens les plus pointues en font vite l’un des lieux les plus inventifs de la scène française. Au Centre Dramatique National de Normandie, il expérimente aussi des dispositifs d’accompagnement pour les talents émergents. Ainsi s’élabore une école d’apprentis pour une vingtaine de jeunes artistes régionaux immergés dans le théâtre grâce aux travaux successifs avec de grands maîtres. C’est à cette époque que se nouent des relations avec les grandes institutions du réseau national et international – le Théâtre National de Strasbourg, le Théâtre de l’Odéon, le Festival de Rio, le Bitef à Belgrade.
En 2000, Éric Lacascade commence à tisser une relation privilégiée avec le Festival d’Avignon en créant, dans un même lieu et avec une seule et même équipe de comédiens, trois pièces de Tchekhov : Ivanov, La Mouette et Cercle de Famille pour Trois sœurs. En 2002, il crée Platonov dans la Cour d’Honneur et le spectacle connaît un succès considérable. En 2006, il crée, également dans la Cour d’Honneur, Les Barbares de Maxime Gorki. Parallèlement, le Théâtre de l’Odéon le sollicite en 2004, pour la création de Hedda Gabler de Henrik Ibsen, avec Isabelle Huppert.
Après leur création, les spectacles font toujours l’objet de tournées importantes en France et à l’étranger. La première trilogie Tchekhov a été jouée plus de 150 fois, récompensée en France par le Grand prix de la Critique décerné par le syndicat professionnel de la critique dramatique et en Serbie par le prix Politika, prix de la mise en scène du Festival de Belgrade. Platonov tournera pendant deux saisons ainsi qu’Hedda Gabler tant en France qu’à l’étranger.
Vite repéré comme un praticien spécialiste des spectacles d’envergures sur les grands plateaux internationaux, Éric Lacascade mène parallèlement une recherche sur des spectacles musicaux avec Norah Krief qu’il associe à François Morel ou David Lescot, et sur des solos comme Pour Penthésilée, avec Daria Lippi, sous les regards croisés de plusieurs metteurs en scène et chorégraphes, ou récemment le Cas Lucia J (Un feu dans sa tête) avec Karelle Prugnaud, performeuse.
À l’issue de son départ de la Comédie de Caen, il réalise, en 2009, un grand laboratoire sur Oncle Vania de Tchekhov avec la compagnie lituanienne d’Oskaras Korsounovas, présenté dans le cadre de Vilnius, capitale européenne de la culture. C’est la seconde grande création d’Éric Lacascade à l’étranger, la première ayant été La Mouette en 2000 au festival de Santiago du Chili. Ici commence sa mise en application d’une forme de filiation d’outils théâtraux particuliers en « terrain inconnu » et le développement de sa capacité à enseigner à l’étranger, notamment avec des équipes artistiques peu familiarisées aux formes françaises du théâtre d’art. Sa pratique le conduit à intervenir tant dans les théâtres nationaux des capitales européennes, que dans des écoles d’art jusqu’aux circuits les plus underground.
Il revient en France pour mettre en scène Les Estivants de Gorki au Théâtre National de Bretagne en 2010, repris en 2011, puis part en Suisse en 2012 présenter Tartuffe de Molière au Théâtre Vidy Lausanne, deux pièces couronnées de succès.
De septembre 2012 à juin 2018, alors artiste associé au Théâtre National de Bretagne, il prend la succession de Stanislas Nordey en tant que responsable pédagogique de l’École Supérieure d’Art Dramatique du Théâtre National et y continue son travail sur la formation. Il y réalise les deux spectacles de sortie de ses élèves promotions VIII et IX : Constellations 1 et Constellations 2, spectacles déambulatoires créées in situ au cœur de Rennes. Dans la même période, il crée une version française de Oncle Vania, présenté au Théâtre de la Ville puis, en 2017, Les Bas-Fonds de Maxime Gorki, qui reçoit le prix Georges Lerminier du syndicat de la critique pour le meilleur spectacle théâtral créé en province pour la saison 2016-2017, lequel est présenté en tournée au festival de Sibiu en Roumanie en juin 2018 et à la Biennale du Théâtre de Moscou en novembre 2018, périodes qu’exploite systématiquement Éric Lacascade pour y proposer ateliers et workshops aux équipes artistiques des pays d’accueil.
Son livre : Au cœur du réel, retraçant son parcours théâtral et précisant sa méthode de travail et sa pédagogie est publié en 2018 par les éditions Acte Sud.
Il réalise une adaptation du Balcon de Jean Genet avec les acteurs du State Youth Theatre de Vilnius pendant la saison 2019-2020, nouvelle grande collaboration internationale qualifiée de « spectacle de l’année » par la presse lituanienne.
Au dernier trimestre 2020, le metteur en scène part en résidence de création en Chine avec un nouveau travail de grand plateau et de création ample avec des artistes étrangers : il y a créé L’Orage de Cao Yu et Après l’orage, écrit par sa fille Wan Fang, avec une distribution d’actrices et d’acteurs chinois. Montés en trois mois au lieu de cinq du fait des contraintes liés à la pandémie, les deux spectacles, réunissant une distribution éclectique et de grande notoriété en Chine, ont vu le jour en décembre 2020, à l’occasion de l’anniversaire de la mort de Cao Yu (décembre 1996), avant d’entamer une large tournée dans toute la Chine.
En 2022, dans le cadre du Printemps des Comédiens, il met en scène Œdipe Roi, d’après Sophocle. La pièce est en tournée sur la saison 2023-2024.